Nicolas BLAIN, juriste en droit international
« Les droits de la Nature » (retranscription d’une vidéo « Brut Nature » 1ère publication 24 09 2018, republication 9 juin 2020)
NB : « Aujourd’hui, les problèmes que l’on connaît : changement climatique et biodiversité. Tout cela, ça procède justement d’une inadaptation de nos règles aux règles du Vivant. »
Brut : Nicolas BLAIN (NB), juriste en Droit international, se bat pour faire reconnaître les droits de la Nature.
NB : « Les Droits de la Nature, c’est un ensemble de règles qui visent à reconnaître des écosystèmes comme des forêts, des rivières ou également des glaciers, comme des sujets de droit. On reconnaît ces écosystèmes comme des personnes juridiques. Et on leur reconnaît des droits à vivre, à se régénérer, à prospérer et à ne pas être pollués.
L’être humain est présent sur Terre, Homo sapiens, depuis 200 000 ans et la Terre existe depuis 4,5 milliards d’années.
Et depuis quelques décennies, quelques siècles, l’être humain a créé ses propres règles, ses propres lois. Avec du court-termisme, avec des échanges à n’en plus finir à travers le monde. Avec également une linéarité et une finitude des processus économiques.
Or les lois qu’a créées l’humanité, ces lois de « l’homosphère » en quelque sorte, c’est une bulle qui ne correspond pas aux règles du fonctionnement… aux grands mécanismes du fonctionnement de la biosphère, celle qui nous entoure tous, les grands mécanismes de la vie. »
Brut : Aujourd’hui, les droits de la Nature sont appliqués dans plusieurs pays.
NB : « En 2008, le 1er pays à avoir reconnu les droits de la Nature, c’est l’Equateur. Dans sa constitution, l’Equateur reconnaît les droits de la Terre mère, les droits de la « Pachamama », à vivre, à exister et également à prospérer.
Depuis, la Bolivie, en 2010, lui a emboîté le pas avec une loi sur les droits de la Nature.
À travers le monde, désormais, les droits de la Nature prospèrent avec des reconnaissances par des tribunaux. Comme en Inde qui a reconnu des droits à des rivières, à des glaciers. Comme en Nouvelle-Zélande avec des lois qui ont reconnu également la rivière Whanganui, sujet de droit.
Pour défendre les droits de la Nature, il y a deux systèmes :
- Un système de tutelle : on va nommer des gardiens qui vont être la face de la Nature. Comme c’est le cas en Nouvelle-Zélande pour la rivière Whanganui. Et ces gardiens, des personnes physiques, comme des représentants d’Etats ou des représentants de populations autochtones, vont ainsi défendre les droits de la Nature en justice si jamais un fleuve va être pollué.
- Et l’autre alternative, c’est un système de droit large. Où finalement chaque citoyen, chaque entreprise, des collectivités territoriales peuvent s’emparer des droits de la Nature en justice.
C’est actuellement le cas d’un projet qui vise à reconnaître les droits de la Grande barrière de corail en Australie. Et qui prévoit justement différents projets de lois qui feraient que si ces lois étaient adoptées, chaque citoyen pourrait aller devant les tribunaux et protéger la Nature.
En Equateur donc, ça fait 10 ans que les droits de la Nature sont inscrits dans la Constitution. Et il y a eu à peu près 25 procès concernant les droits de la Nature. 80% ont été gagnés. La moitié de ces procès à peu près, sont faits à l’initiative des citoyens et l’autre moitié, globalement, est du fait du gouvernement. Donc, c’est une initiative qui peut être de plein de personnes et de plein d’entités différentes. »
Brut : «Toutes ces initiatives pourraient prochainement mener à l’adoption de la Déclaration Universelle des droits de la Terre mère. »
NB : « La Déclaration des droits de la Terre mère, c’est un texte qui date de 2010 qui a été notamment inspiré par les populations autochtones.
L’objectif, quel est-il ?
C’est d’aller aux Nations Unies à l’ONU d’ici fin 2018 pour remettre ce million de signatures et amorcer un dialogue avec l’ONU. Pour faire en sorte que peut-être demain, les Nations Unies adoptent une future Déclaration des Droits de la Nature ou des Droits de la Terre mère qui viendrait se coupler à la fameuse Déclaration universelle des Droits de l’homme, dont on fête le 70ème anniversaire cette année. »
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